lundi 7 février 2011

Oxymore - Erotisme

L'association Sinoccygen organise cette année une série d'expositions confrontant durant sept mois les travaux d'un artiste européen et d'un artiste chinois. Le but de l'association est d'opérer la rencontre entre deux cultures différentes d'où le titre : Oxymore. En janvier, l'érotisme est le thème qui rassemble les deux avec du côté asiatique les travaux de Liu Bochi et du côté européen les œuvres de la collection de Madeleine Millot-Durrenberger. On regrette que pour cette première exposition le parti pris ne soit pas respecté. L'idée de départ était d'opposer deux artistes et non une pluralité d'artistes européens et un unique peintre chinois.


Les peintures de Liu Bochi sont des acryliques sur papier (37 x 25 cm) présentant des femmes parfois dénudées, dans des positions suggestives. Ces femmes semblent avoir des visages presque adolescents, entre candeur enfantine et sensualité adulte. Parfois leurs jolis minois sont tronqués et les cadrages en dents de scie renvoient à l'idée de souvenir. Le spectateur se retrouve dans la position d'un voyeur face à ces femmes ou ces corps qui l'aguichent.

Les œuvres de la collection de Madeleine Millot-Durrenberger présentées lors de cette exposition sont en majorité des photographies faites par des artistes tels que Yan Saudek, Tony Catany, Bernard Plossu, tous d'origines différentes. Le point commun de leurs travaux c'est qu'ils se focalisent tous sur la femme, qu'elle soit en noir et blanc, en couleurs, ou mise en image grâce à la technique du calotype. La femme de Turbeville est vêtue d'une grande robe de mousseline comme sortie tout droit d'un film muet, celles de Yan Saudek exposent vulgairement leurs seins lourds et leur cul nu à la vue de tous, tandis qu'on ne voit que les jambes de celle de Bernard Plossu, accroupie. On retrouve également quelques sérigraphies d'odalisques de Jean le Gac.


L'exposition interroge la conception de l'érotisme dans des civilisations diamétralement opposées. En Occident, le nu est ancré dans la culture depuis des siècles, comme symbole de beauté. Néanmoins il a été absent durant longtemps de l'art chinois qui souhaitait mettre en avant la bonté de l'âme. Les hommes, en parfaite communion avec la nature sont supposés être traversés par des souffles vitaux qui se manifestent par l'ondulation des drapés, c'est pourquoi la nudité n'est que peu présente. Ce n'est que depuis les années 1980, que le nu a commencé à se développer dans cet art. A présent, à l'ère de la mondialisation, l'art chinois s'est ouvert au monde au point d'en tenir les rênes, d'où la pertinence de cette exposition.


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